La sagesse (Epictète)
IX. La maladie est un obstacle pour le corps, mais non pour la
volonté, à moins que celle-ci ne faiblisse."Je suis boiteux" Voilà un
empêchement pour mon pied ; mais pour ma volonté point du tout. Sur tous
les accidents qui t'arriveront, dis-toi la même chose; et tu trouveras
que c'est toujours un empêchement pour quelque autre chose , et non pas
pour toi.
X.A chaque objet qui se présente, souviens-toi de rentrer en toi même et d'y chercher quelle vertu tu as pour bien user de cet objet. Si tu vois un beau garçon ou une belle fille, tu trouveras contre ces objets une vertu, qui est la continence. Si c'est quelque peine, quelque travail tu trouveras la résignation et la patience. Si tu t'accoutumes ainsi à déployer sur chaque accident la vertu que la nature t'a donnée pour la combattre, tes représentations ne t'emporteront jamais.
XI. Ne dis jamais, sur quoi que ce soit,"J'ai perdu cela"mais "je l'ai rendu"Ton fils est mort?tu l'as rendu. Ta femme est morte?tu l'as rendue. On t'as pris ta terre?voila encore une restitution que tu as faite.- Mais celui qui me l'a prise est un méchant. -Que t'importe par les mains de qui celui qui te l'a donné a voulu te la retirer?Pendant qu'il te la laisse, uses-en comme d'une chose qui ne t'appartient point, comme les voyageurs usent des hôtelleries.
Epictète, Manuel