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Socrate
28 mars 2009

Baruch SPINOZA (1632 - 1677)

 

Éléments de biographie

Un philosophe en exil

Spinoza naît à Amsterdam le 24 novembre 1632, dans une famille juive venue du Portugal jusqu'aux Pays-Bas pour y jouir de la liberté religieuse garantie en 1579 par l'Union d'Utrecht. Son grand-père, Baruch Michael, est le chef de la communauté séfarade d'Amsterdam ; son père, Michael, est directeur de l'école juive de cette ville. Prénommé Baruch («béni» en hébreu), le jeune garçon sera appelé plus tard Benedictus (Benoît) dans les documents latins et officiels.

Outre l'instruction essentiellement religieuse qu'il reçoit à l'école hébraïque de la communauté, Spinoza apprend l'espagnol et le hollandais auprès de son père, qui souhaite le préparer à la carrière des affaires. Plus tard, il est initié aux mathématiques, à la physique et à la philosophie par Van den Enden, un ancien jésuite libre penseur qui avait ouvert une école à Amsterdam (d'où il sera chassé plus tard pour athéisme) : c'est Van den Enden, probablement, qui fait découvrir à Spinoza la philosophie nouvelle, celle de Descartes.

Conduit par ses études scientifiques et ses lectures à douter de ce que les rabbins lui ont enseigné, Spinoza tient publiquement des propos contraires à l'orthodoxie juive. Les rabbins le convoquent et tentent de ramener à la religion leur élève le plus brillant. Intransigeant, Spinoza refuse tout ce qu'on lui propose. Le 24 juillet 1656, il est solennellement excommunié et, peu de temps après, condamné à un exil de quelques mois. Il s'installe à Ouwekerk, dans la banlieue d'Amsterdam. Il s'éloignera encore en 1660, pour aller vivre à Rijnsburg, près de Leyde.

À la mort de son père, en 1654, Spinoza a laissé à ses sœurs sa part d'héritage. Il gagne sa vie en polissant des lentilles destinées à la fabrication de lunettes d'approche et de microscopes. Un cercle d'amis fidèles se forme autour de lui : Louis Meyer, Simon de Vries, Jean Rieuwertz, Pierre Balling, Johan Brouwmeester.

C'est à Rijnsburg que Spinoza écrit son Court traité sur Dieu, l'homme et la santé de son âme, dont le manuscrit ne sera découvert qu'en 1853. Cet ouvrage offre une première ébauche des thèses qui seront développées plus tard dans l'Éthique : position de Dieu comme substance unique, distinction des genres de la connaissance humaine, théorie de l'amour de Dieu. En 1661, Spinoza commence à rédiger son Traité de la réforme de l'entendement, qu'il laissera inachevé : il y expose sa conception de la vérité et de l'erreur, ainsi que sa méthode réflexive. En 1663, sur la sollicitation de ses amis, et grâce à leur aide financière, Spinoza publie les Principes de la philosophie de René Descartes et les Pensées métaphysiques. À la même époque, il commence à travailler à ce qui deviendra l'Éthique.

En 1663, Spinoza va s'établir à Voorburg, près de La Haye. Il y reste jusqu'en 1670, date à laquelle il s'installe à La Haye, dans la maison où il demeurera jusqu'à la fin de sa vie.


Pour l'indépendance de la philosophie

Les Pays-Bas connaissent alors une période de troubles intenses. En pleine guerre défensive contre les armées de Louis XIV, une lutte violente, à la fois sociale, religieuse et politique, oppose les «remontrants», partisans de la tolérance et de la séparation de l'Église et de l'Etat, aux calvinistes orthodoxes (ou «gomaristes »), qui réclament de l'État une stricte surveillance des hérésies. L'agitation populaire des gomaristes est entretenue par le parti monarchiste du prince d'Orange, cherchant à renverser le pouvoir républicain du «Grand Pensionnaire» Jean de Witt.

Favorable au Grand Pensionnaire, Spinoza rédige en 1665 un Traité théologico-politique qui ouvre en quelque sorte l'ère des Lumières. Revendiquant l'indépendance absolue de la philosophie, fondée sur la raison et cherchant la vérité, par rapport à la foi, qui ne vise qu'à l'obéissance et à la piété, il entreprend un libre examen de la Bible. La préface du traité dénonce l'exploitation politique de la superstition religieuse et les ravages de l'intolérance, et son chapitre 20, en guise de conclusion, justifie le principe de la liberté de pensée. Résolument hostiles au parti monarchiste et à la propagande des pasteurs calvinistes, ces thèses font scandale et valent à Spinoza une réputation d'athéisme qui accompagnera son nom jusqu'au XIXe siècle.

C'est en 1675 que Spinoza achève son chef-d'œuvre, l'Éthique, sur lequel il travaille depuis plus de dix ans : il y développe le principe essentiel de sa philosophie, la libération de l'homme par la connaissance. Bien avant cette date, des copies partielles ont déjà circulé dans le cercle des amis et des disciples, entraînant des demandes d'éclaircissement et parfois des changements importants. Sur le point de faire imprimer l'ouvrage, Spinoza y renonce, craignant les embûches que lui tendraient les théologiens. Le manuscrit de l'Éthique n'en sera pas moins connu en dehors du cercle des amis : par exemple de Leibniz, qui rend visite à Spinoza en 1676.

À la fin de sa vie, Spinoza entreprend de reformuler sa philosophie politique par rapport à ce qu'il avait déjà proposé dans le Traité théologico-politique. La tuberculose dont il est atteint ne lui laisse pas le temps de dépasser le début du chapitre XI de son Traité politique. Il meurt le 21 février 1677.

Daniel Pimbé


       Thèmes majeurs

Le rationalisme

Il emprunte à Descartes l’idée que le modèle de la démarche rationnelle est la démarche mathématique.


L'éthique

Cette pensée rationaliste repose sur une définition traditionnelle de la philosophie comme connaissance de soi, du monde et de Dieu, qui conduit à la béatitude. Son but est donc éthique. Le Bien, c'est la vie selon la raison qui nous sauve du trouble des passions.
L'homme est, comme tous les autres êtres, essentiellement désir de “persévérer dans son être” (conatus). Même l'activité intellectuelle affirme cet effort. Le désir n'est pas propre au corps. Il est ce mouvement unique et essentiel où le corps et l'esprit augmentent en même temps leur puissance dans un sentiment actif de joie, ou la diminuent, d'où un sentiment passif de tristesse.


Dieu

Spinoza conteste le caractère sacré des écritures. Il faut abandonner l'idée d'une nature finalisée, créée par un Dieu personnel et transcendant, et organisée en vue de l'homme, centre de la Création. A cette construction illusoire née de nos craintes et de notre croyance aux causes finales, Spinoza oppose le système d'un Dieu comme totalité de la nature (“ Deus sive natura ”). Dieu n’est donc ni transcendant ni personnel. Dans la nature, rien n’est privilégié : ni l'homme sur l'animal, ni l'esprit sur le corps.


Les passions et la liberté

A partir de ces deux affections fondamentales que sont la joie et la tristesse, Spinoza fait la genèse de tous les affects joyeux ou tristes, et les traduit en termes de variations de puissance selon les deux pôles que sont la liberté et la servitude. Ainsi, la passion affecte ensemble le corps et l'esprit parce qu'en elle, tous deux sont asservis et soumis à des causes non comprises. A l'inverse, comprendre l'ordre réel des choses et saisir notre place dans la causalité totale, c'est penser adéquatement et augmenter à la fois la puissance de notre esprit et celle de notre corps. L'homme se croit libre quand il est conscient de ses désirs et inconscient des causes qui le déterminent. La vraie liberté ne consiste pas à échapper au corps et à l'ordre de la nature. Elle est la réalisation, par la pleine compréhension des lois de la nature, des puissances conjointes du corps et de l'esprit.

La philosophie politique

La théorie politique de Spinoza est fondée sur la passion. Un État qui supposerait la rationalité et la bonne foi de ses membres aurait une base précaire.

L'État doit être fort pour garantir la paix et la sécurité. L'État doit être laïque pour garantir la tolérance. Enfin la liberté de philosopher et d'exprimer ses pensées doit être totale dans l'État pour prévenir les abus de pouvoir.


       Principales œuvres

  • Principes de la philosophie de Descartes (1663)
  • Traité théologico-politique (1670)
  • Traité de la réforme de l'entendement (écrit de 1665 à 1670, inachevé, publié à titre posthume en 1677)
  • L'Éthique (écrite de 1661 à 1675, publié à titre posthume en 1677)
  • Traité politique (écrit de 1675 à 1677, publié à titre posthume en 1677)

Source: ac-grenoble/Philosophie

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