Éléments de biographie
Épicure est né en -341 dans l'île de
Samos, une colonie grecque au large de la côte d’Asie mineure. Le père
d’Épicure, athénien d’origine, était cultivateur et maître d'école. De
santé fragile, Épicure a dû toute sa vie affronter la douleur et la
maladie. Vers l’âge de 14 ans, il suit les cours de Pamphile, un
philosophe platonicien.
En -321, les colons grecs sont chassés de Samos à la suite d’un
soulèvement des samiens provoqué par l’annonce de la mort d’Alexandre
le Grand. Épicure doit alors s'exiler avec sa famille à Colophon, sur
la côte d'Asie mineure. Là, il fait l'apprentissage de la pauvreté et
médite sur l'intolérance politique.
En -310, il fonde une école à Lampsaque (sur l’Hellespont, ancien nom
du détroit des Dardanelles) où il se fera des amis fidèles qui
l’accompagneront jusqu’à la fin de sa vie.
Il s’installe à Athènes, en -306, et y fonde son école, Le Jardin, où,
jusqu'à sa mort, il vivra entouré d'amis. Épicure était un maître d’un
charisme extraordinaire. Aucun autre philosophe n’a eu autant
d’ascendant que lui sur ses disciples.
Athènes accéda au sommet de sa prospérité sous le règne de Périclès.
Mais après sa mort en -429, les Cités grecques s’affrontèrent (en
particulier Athènes et Sparte) et s'enlisèrent dans des crises
politiques opposant partisans de l'oligarchie (pouvoir exercé par un
petit nombre de privilégiés) et partisans de la démocratie.
Profitant de ces rivalités, la Macédoine, sous le règne de Philippe, affaiblira la puissance grecque et l’anéantira définitivement lors de
la défaite de Chéronée en -338.
Alexandre le Grand, qui succède à Philippe, étend son empire. Il écrase
l’armée perse et atteint l’Indus en -325. À sa mort prématurée (il a 33
ans) ses généraux se disputent âprement son empire.
Épicure emprunte à Démocrite sa physique atomiste (l'univers est
composé d'atomes en mouvement dans le vide) et à Socrate (par
l’intermédiaire du platonisme) ses préoccupations morales (recherche du
souverain bien et du bonheur).
Quand Épicure fonde son école à Athènes en -306, la pensée
philosophique est encore dominée par les deux grandes doctrines issues
de l’enseignement de Socrate : le platonisme et l'aristotélisme.
Parallèlement, une autre tradition, également issue de Socrate, va se
développer avec moins de prestige. Ce sont les petites Écoles
socratiques. Elles retiennent principalement de Socrate l'ironie de
celui « qui sait qu'il ne sait rien » et les préoccupations morales. Ce
sont ces écoles (en particulier les sceptiques et les cyniques) qui
vont permettre de dépasser le dogmatisme dans lequel vont se figer les
doctrines de Platon et d’Aristote après leur mort. Les « petits »
socratiques vont ainsi aider les grandes écoles du IIIe siècle av.
J.-C., en particulier l’épicurisme et le stoïcisme, à s’étendre et
s’imposer.
Le projet épicurien est simple : développer, à partir d'une physique
atomiste, une morale du bonheur permettant de nous délivrer des maux
qui nous accablent. Le seul guide dans cette recherche du bonheur est
la sensation et les plaisirs (ou les peines) qui l’accompagnent.
L'amitié est présentée par Épicure comme un bien précieux,
indispensable au bonheur. En cette époque de décadence de la cité
grecque, l'amitié remplace l'ancien esprit civique. Le bonheur a pour
condition de fuir le trouble des affaires publiques : pour vivre
heureux, « vis caché », à l’écart de la vie politique, enseigne
Épicure, qui, jusqu'à sa mort, mettra en pratique ce précepte.
La modernité de la philosophie épicurienne réside dans son respect de
l’individu, la valeur qu’elle accorde à l’existence heureuse et
l'extrême simplicité de ses buts : non pas savoir pour savoir, mais
savoir pour obtenir dès maintenant la paix de l'âme, l'ataraxie
(absence de trouble), qui définit le bonheur du sage et lui permet de
vivre « tel un dieu parmi les hommes ».
Thèmes majeurs
Il n'y a pas d'âge pour faire de la philosophie, car la philosophie est un art d'être heureux.
Philosophe matérialiste inspiré de l'atomisme de Démocrite, Épicure s'oppose à l'idéalisme de Platon. Pour Épicure, tout est matériel, y compris l'âme, et la sensation est seul guide de la connaissance et de la morale.
La sensation de plaisir est signe du bien, la sensation de douleur, signe du mal. Pour atteindre le bonheur, il faut maximiser le plaisir. Mais satisfaire tous ses désirs n'est pas la bonne façon d'atteindre cet objectif, car certains désirs non naturels comportent à long terme, dans leur satisfaction, plus de douleur que de plaisir.
Ainsi, la morale d'Épicure est eudémoniste (morale du bonheur) et hédoniste (morale du plaisir), mais l'épicurisme n'est pas la débauche.
Il ne faut pas craindre la mort. La mort nous est indifférente, puisqu'elle est la fin de toute sensation : "le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons la mort n'est pas là et lorsque la mort est là nous n'existons pas." Lettre à Ménécée.
Principales oeuvres
- Lettre à Hérodote (sur la nature)
- Lettre à Pythoclès (sur les corps célestes)
- Lettre à Ménécée (sur la philosophie et la conduite de la vie)
- Maximes et sentences
Source: http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie